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Portrait de vins : les Côtes de Provence d’une vigneronne épicurienne

Portrait

Provençale de souche née à Marseille, Régine Sumeire est petite-fille de Gabriel Sumeire, négociant en vins visionnaire, qui va peu à peu bâtir un empire viticole dans le Var, afin d’en maîtriser la production et la qualité.

Sur les traces de son grand-père et de son père Roger Sumeire, auprès desquels elle apprend le métier de viticultrice, Régine Sumeire n’a de cesse de travailler à la valorisation des vins de Provence, à travers une démarche continue d’amélioration de leur qualité, par l’observation méticuleuse et le respect des cycles de la nature, le soin constant apporté à la vigne et l’innovation.

Elle contribuera aussi largement à leur reconnaissance internationale, notamment avec la création en 1985 de la cuvée « Pétale de Rose », le premier rosé clair de Provence.

A la tête des châteaux la Tour de l’Evêque et Barbeyrolles, elle est ainsi devenue le porte-étendard d’une gastronomie conviviale où les vins rosés clairs de Provence, délicats et avec de la longueur en bouche, dépassent le seul temps de l’apéritif pour accompagner le repas.

Fidèle aux valeurs de respect de la nature et d’authenticité transmises par son père et son grand-père, Régine Sumeire a obtenu la certification de ces 2 domaines en agriculture biologique puis en biodynamie.

Quant aux vendanges, elles sont depuis longtemps faîtes manuellement.

Confessions gastronautiques

« Dans ma famille, cuisiner est une véritable tradition ; partager un bon repas, un rituel incontournable. Recevoir … est la plus belle manière de faire découvrir notre travail, nos domaines et nos vins, et il me semble impossible d’envisager le vin sans les plaisirs de la table. »  Régine Sumeire

Comment voyez-vous votre rôle de viticultrice en Provence ?

Il est celui de partager ma passion du vin et de transmettre le respect de la nature et mon savoir-faire de vigneronne, pour que les équipes de La Tour de l’Evêque et de Barbeyrolles continuent de produire des vins de qualité.

Le vin, ce n’est pas une tire-lire mais l’expression d’un terroir et d’une histoire – et la Provence peut s’enorgueillir de magnifiques terroirs capables de faire naître de grands vins quelle que soit leur couleur !

Pour cela, il faut se donner le temps, observer la nature, respecter ses cycles sans jamais la brutaliser, travailler sur le long terme, pour les générations futures.

Nos vins ne sont pas réservés à une élite de connaisseurs. Ils sont élégants, raffinés mais pas intimidants.

Votre rapport à la nature ?

« Donne à la terre ce qu’elle t’a donné » était la phrase favorite de mon grand-père Gabriel Sumeire.

Très tôt, j’ai découvert les plaisirs de la vie à la campagne, passant une grande partie de mon enfance entre Trets, au pied de la Montagne Sainte-Victoire, et Hyères, les maisons de mes grands-parents.

Ils m’y ont appris à connaître la nature, à savoir l’observer, à bien choisir un légume, à cueillir un fruit à maturité, à reconnaître les champignons… C’est ce qui m’a donné le goût des bonnes choses.

Par ailleurs, ma vie de viticultrice est une vie d’observation de la nature. Tout est soigneusement noté : la pluviométrie, les dates de floraison, celles des vendanges, …

Votre rapport au monde maritime ?

Des grands-parents avec une villa sur la Côte Bleue, une mère qui a passé son enfance à Sausset-les-Pins, un domaine à Hyères, une enfance à Marseille et, dès les beaux jours, des bains de mer sur les plages du Var… c’est dire si la Méditerranée est un élément majeur de mon enfance. Cet attachement à la mer a toujours été un lien très fort pour moi.

Plus tard, des amis pêcheurs m’ont fait découvrir les trésors de la Méditerranée. C’est à eux que je dois l’un de mes plus grands souvenirs de bouillabaisse, préparée au « trou des pêcheurs » sur Porquerolles.

J’ai aussi de merveilleux souvenirs d’oursinades que nous mangions directement dans le bateau.

Votre expérience du monde de la voile ?

Lorsque j’étais étudiante, j’allais souvent faire du voilier en Grèce et en Turquie, invitée par des amis très proches. Nous étions toute la journée dans l’eau, nous mangions ce que nous pêchions : les oursins, les mérous… J’en garde de merveilleux souvenirs !

Dans les années 80, des amis et moi avons décidé de faire connaître le rosé par une action mémorable : la Route du Rosé, course à la voile reliant Saint-Tropez à Saint-Barth.

En plus d’allier nos deux passions dans un même événement : le vin et la mer, cette opération médiatique avait pour ambition de développer les ventes de rosé sur le marché américain.

Les skippers avaient dans les cales de leurs voiliers des caisses mélangées de 12 rosés de Provence qu’ils devaient mener à bon port.

Quelques alliances mets-vins pour les croisières SAIL & COOK ?

Je conseille d’associer les poissons de Méditerranée aux rosés et aux blancs.

Une lotte pochée court-bouillon servie en salade, un poisson au fenouil cuit au four, des gambas à la planchas, un soufflé au jus corsé de crustacés… Tout ceci convient très bien aux rosés de Barbeyrolles. C’est également très pertinent avec une viande de veau ou des ris de veau meurette.

Goûtez le Pétale de Rose avec des gambas grillées, un soufflé au fromage ou avec du saumon cuit à l’unilatéral et vous aurez à la clé un mariage de couleurs !

Unissez la Tour de l’Évêque à un gigot d’agneau ou à des ris de veau aux morilles et vous m’en donnerez des nouvelles.

Textes : Agnès Jésupret www.larembobineuse.fr